Fantaysie

C’est l’histoire d’une elfe qui se baladait dans un monde d’elfes avec un chapeau de travers. Pourquoi ? Parce qu’il avait une oreille ronde. La droite. Une petite chose toute mignonnette, mais absolument pas adéquate au regard de son statut d’elfe. à chaque fois qu’il oubliait son chapeau et qu’il croisait quelqu’un, la personne n’en revenait pas et ne regardait plus que ça, comme si c’était un grain de beauté sur le nez, une verrue sur le menton, un trou dans la dentition ou une belle balafre au milieu du front. C’était pourtant bien plus discret, mais assez surprenant, quand même. Parfois il pensait que sa longue chevelure dorée suffirait à ôter cette singularité du regard des autres, mais il avait les cheveux fins et électriques, un brin volants, un poil volatiles, et il était bien rare qu’ils restent tous sagement alignés devant l’arrondi de son oreille pour le masquer à la face du monde.
Cet elfe s’appelait Alfred. Il vivait dans le Michigan des elfes, un pays où sous les gros cailloux, se cachaient des mini-hamburgers de mousse, qui accueillaient soit une sauterelle, soit un grillon. L’insecte s’installait là-dedans, bien confortablement vautré comme dans une couette aussi douce que verdoyante, d’une humidité revigorante et d’une fraicheur vivifiante, et mâchonnait généralement un brin d’herbe en sifflotant qui du Ennio Morricone, qui la BO de Lucky Luke. Jusqu’à ce qu’un elfe, à l’ouïe aussi fine que le pointu de ses oreilles (sauf de celle de droite d’Alfred, bien entendu), soulève le caillou, pince de ses doigts graciles le mini-hamburger moussu, et le porte à sa bouche en faisant un gros scrountch content.
Dans ces cas-là, parfois les grillons et les sauterelles bondissaient, alertes et vifs, les plus rapides de l’ouest, ne laissant sur la langue de l’elfe qu’un malheureux peu de verdure. Parfois ils se faisaient happer et l’on entendait leur dernière complainte, poor lonesome hero derrière les portes du pénitencier, s’éteindre de l’autre côté de la muraille, infranchissable quoique ténue, des petites quenottes blanches du peuple elfique et affamé.
Alfred, ce jour-là, n’avait pas été assez leste, et venait de se retrouver avec dans le gosier non pas un peu de protéines, mais un pauvre bout de salade qui lui restait, qui plus est, un peu en travers. Apparemment, cette saison, la mousse était amère. Tellement amère qu’il en grimaça et eut un petit mouvement de recul, au point d’accrocher son chapeau à une branche de derrière. Mal lui en prit : la branche attrapa le rond de tissu, et ployant sous le poids de la tête qui était encore dedans, ploya tel un ressort avant de rebondir, faisant incessamment valser le couvre-chef jusqu’à une branche autrement plus haute de l’arbre d’en face.
Aïe, se dit Alfred à double titre. Comment vais-je aller récupérer Whoopie ?
En effet, l’elfe, qui arborait par ailleurs une belle veste brodée, avait donné un petit nom sucré à son compagnon de toujours. Pendant qu’il en était à échafauder des idées d’échafaudages, sortit du tronc de l’arbre d’en face un hibou-coucou.
Le hibou-coucou est un de ces animaux dont on ne sait jamais vraiment quand ils ont enfin l’intention de fermer l’œil. Le hibou-coucou ne dort visiblement jamais, et pourtant, il trouve le moyen de ronfler. Il peut piailler des sons aigus à intervalles réguliers, et garder de gros yeux tout ronds sous sa broussaille grisonnante. Il faut bien dire ce qui est, le hibou-coucou est chiant. Toujours à sortir au moment précis où il a l’opportunité de se foutre de votre gueule.
Quoi qu’il en soit, la sortie de ce spécimen précis d’animal hors de son tronc de villégiature fut si soudaine qu’Alfred en fut littéralement renversé, les fesses sur la mousse amère, donc. Et une saillie stridente zébra l’air : « Waouh, trop stylé !! »
Alors que le hibou-coucou se dandinait sur son perchoir en répétant cette enthousiaste interjection d’une voix très adolescente, Whoopie qui avait atterri un peu plus haut lui tomba dessus, et vient, par une coïncidence amusante, recouvrir son oreille droite. Alfred baissa les yeux sur sa veste et se rengorgea fièrement, ce qui est ni plus ni moins un pléonasme, mais quand même, ça lui faisait vraiment plaisir. Le hibou-coucou se marra alors et lança, toujours aussi fort « mais non, pas ta veste de toréador, banane ! C’est ton oreille droite qui est trop stylée ! » Alfred, espanté, avança le cou de façon fort peu gracieuse, ouvrit des yeux carrés et … [to be continued ?]

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