Je commence demain, je fais ça tous les jours, je fais tout à rebours il y a toujours mieux et toujours autre chose,
je fonce à haute dose vers des commencements en laissant tout en plan, tous ces trucs qui me narguent, tous ces gens qui se targuent sans cesse d’avoir fait ce qu’ils ont entrepris, je fais l’inachevé suis-je l’inachevée, suis-je l’inachevante un tantinet déviante qui ne se satisfait jamais du droit chemin, prend toujours la tangente et la triangulaire, la route circulaire pour passer tout autour
de la dernière chose à faire, en commencer une autre avoir plein de projets et plein de bons apôtres qui hurlent dans la tête, fais ceci fais cela et ça, ça en est où ?
Je me double, me dédouble, me trouble et d’un coup Attention je suis précipité dans un de mes nombreux tubes à essais, je m’en sors et regarde et laisse mariner des décompositions, je les verrai plus tard, ou bien les vois toujours, ah ça c’est pas fini c’est un peu comme moi, je suis l’inachevée, le monde tout partout est plein d’inachevé, mobilis mobile, ça pousse se trémousse et pas de point final
ou alors pas encore, et des cases pourtant pour toutes nos idées pour y mettre des gens, elles sont bien finies pourtant ces cases-là, tout bien délimitées dans nos cerveaux étroits, elles s’empilent et s’emboitent et prennent de la place et se casent la gueule et se rient de la nôtre qui se demande bien s’il faudrait
en sortir, s’extraire de sa case et achever un truc.
Mais je me suis toujours sentie non violente. Et je veux achever ni rien, et ni personne.
Peut-être que quelque part, dans un recoin secret des mes imaginaires, dans un coffre rouillé dont j’ai jeté la clé par delà la mémoire, se cache un préjugé brillant comme une perle qui dirait que finir, c’est un peu en finir, et ça…
pas tout de suite, alors les fins, j’évite et je marche au milieu de mes faits à moitié.