Comme j’aime trop les humains pour me risquer à parler d’eux, dans ce monde où s’empilent les sujets non maitrisés comme des châteaux de cartes devant des ventilateurs, je vais évidemment parler du grand remplacement des choses, le seul qui me soucie.
Je n’ai jamais acquis le Manuel de la parfaite petite chimiste domestique, mais voici la synthèse utile de mes apprentissages, testés et approuvés :
LESSIVE :
Lessive au savon : 45 g de copeaux de savon de Marseille + 2 cuillères à soupe de bicarbonate + 1l d’eau chaude.
Bonne en tout, meilleure sur taches minérales. Pas besoin de parfum. Coût : environ 60 centimes / litre.
Lessive à la cendre : 1 litre d’eau (chaude ou pas), 2 verres de cendres, 3 jours pendant lesquels ça marine. On peut filtrer au torchon sur un vieux bidon, sur un entonnoir couleur de trottoir. Ou laisser décanter et y glisser une boule, de celle qu’on met dans le tambour, à la surface pour récolter le liquide potassé.
Coût : 0 €, juste celui d’aller demander de la cendre à celleux qui ont un barbecue ou une cheminée. Plus le coût du parfum éventuel. Pour ce faire, je mets quelques gouttes d’huile essentielle dans une bouteille de vinaigre blanc dont je verse une rasade dans le bac de l’adoucissant, mais on peut aussi faire mariner des branchettes de romarin ou des écorces d’agrumes directement dans la lessive.
Bonne en tout, meilleure sur taches organiques, ce qui fait que je verse un peu de lessive au savon dans la lessive à la cendre, pour atteindre 150 ml par machine.
Il m’arrive de récupérer l’eau de vidange pour les plantes, dites-moi si c’est une grossière erreur.
Produit LAVE-VAISSELLE :
2 bocaux :
– L’ACIDE citrique (= le détartrant dans le petit sachet qui sert à rien et qu’on trouvait parfois dans les boites de filtres à café, quand on n’était pas encore passé au filtre permanent.)
– LA BASE (= un tiers de percarbonate de soude (en magasin vrac), deux tiers de bicarbonate de soude, saupoudré en ce moment de sel régénérant (= chlorure de sodium = … sel) parce que ça fait fun dans le bocal et que j’ai de vieux stock à écouler.
Une cuillère de chaque dans le bac avant de lancer la machine.
C’est le mélange des deux conjugué à la chaleur de l’eau qui fonctionne, s’ils étaient mélangés avant dans le bocal, ça ternirait leurs supers pouvoirs.
(Anecdote au passage : mettre de l’eau de javel (hypochlorite de sodium) dans de l’eau chaude, ça dégage des gaz toxiques, et en plus ça revient à laver… avec de l’eau salée. Mais ça, personne y te l’dit. De toute façon, la Javel, c’est comme Citroën, ça a beau être une station de métro du 15ème, c’est so 19ème.)
Il vous faudra un autre bocal (plus vraisemblablement un bidon ou une bouteille) pour la trappe d’à côté dans le lave-vaisselle :
– Vinaigre blanc = acide acétique = liquide de rinçage = détartrant WC = adoucissant = désinfectant
LIQUIDE VAISSELLE, GEL DOUCHE, et autres machins aqueux en flacon transportés par des tas de camions sur les routes alors qu’on paye déjà des réseaux « « publics » » pour distribuer l’eau : savon.
SCOTCH : chutes d’autocollants dans les magazines d’enfants. Rubans. Ficelles. Colle à papier. Clous.
COLLE à PAPIER : quantité adaptée de farine + eau (+ sucre). Bocal au frigo, fonctionne plusieurs mois (mais pas plusieurs années non plus -en tout cas pour la farine + eau-, d’où le quantité adaptée.) Besoin: pinceau.
ÉPONGES :
Côté jaune : tawashis (à passer à la machine au lieu de les jeter)
Côté vert : gratounette improvisée en filets de fruits ou de légumes. Plus délicate que la partie verte d’une éponge, elle est d’autant plus bienvenue qu’elle mousse davantage que le tawashi, et que c’est toujours sympa de garder quelques repères avec le monde d’avant, principalement composé de bulles en tous genres qui nous sont devenues familières.
ESSUIE-TOUT : Tout ce qui essuie. Je suis absolument persuadée qu’il y a moult torchons perdus et autres serviettes de tables qui ne demandent qu’à susciter un nouvel intérêt.
Et ça serait quand même dommage de passer à côté de ces jolis trousseaux antiques aux énigmatiques initiales brodées qui seront une source infinie d’émerveillements et de tergiversations pour tout aspirant généalogiste.
D’autant plus que même après plusieurs lavages, il y a peu de risque que ces tissus se délitent en confettis en mode fast fashion.
PAPIER SULFURISÉ, PAPIER ALU : Nada. Le gras, c’est la vie. Le seul truc qui me fait encore réutiliser les bouts d’alu récupérés de vieilles tablettes de chocolat (avant que je découvre les grosses pastilles de chocolat bon et pas cher en vrac), c’est pour emballer de la patate de barbecue. Mais je suis en fin de stock et je cherche l’alternative (Poser les patates sur la grille? Utiliser le Sunplicity, tout simplement ?) Cela dit, il m’arrive d’acheter des pâtes à tarte toutes faites, fournies avec leur papier sulfurisé donc, et de réutiliser icelui, tout simplement.
FILM ÉTIRABLE : Par ici, ça fait longtemps que le film étirable s’est tiré. Ras la couette du monde sous cellophane. Les plus précautionneux peuvent se rabattre sur les bacs de glace qui, comme le vinaigre blanc en son fief, servent à tout, aussi bien à ranger des legos que des restes de quiche.
Pour le film étirable hors usage frigorifique (sandwich et autres tartines de boites à goûter) il y a l’option poches en papier de boulangerie. Il est en effet encore assez difficile d’être assez rapide et percutant pour les éviter toutes, même si un « sans papier svp », ça sonne bizarre, mais ça marche parfois… (surtout que si on met un stop-pub sur sa boite, c’est pas pour s’en taper sur sa baguette…)
– Oui mais un sandwich maison jeté en vrac dans un sac à baguette, il ne va plus ressembler à rien, ça sert aussi à ça le film étirable, à comprimer l’engin !
C’est exact, c’est pourquoi il existe la technique des élastiques (à rôti, à radis, que sais-je) pour tenir votre garniture bien câlinée entre ses deux morceaux de pain.
SOUTIFS : Je lis sur un site d’études de marchés « le marché français de la lingerie est en baisse en raison du succès de la lingerie confortable, moins onéreuse. […] La tendance du « no bra », qui consiste à ne pas porter de soutien-gorge, est révélateur [sic] des difficultés à trouver de la lingerie qui leur convienne. Les achats deviennent ainsi de plus en plus fonctionnels. »
De plus en plus de femmes peuvent à la fois infirmer – le soutif qui convient le mieux n’est pas trop difficile à trouver, il suffit de le laisser dans le placard -, et confirmer : effectivement, rien, c’est pas hypra cher.
Et vous, de quel objet n’avez-vous jamais eu besoin, ou avez-vous bouté hors de vos vies ? Que ce soit par nécessité, pour réduire les émissions de C02, le coût du traitement des ordures ménagères, et/ou vous dépolluer l’esprit ?
Un avis sur « Le grand remplacement »