« Tu devrais écouter « La Source », une émission sur France Inter, où Cécile Coulon interroge les écrivains sur comment ils font, d’où ça vient, leur écriture. »
Je ne me souviens plus « d’où ça vient », ce conseil : de l’amitié, sans doute. De longues semaines après, j’ai enfin pris le temps de le suivre. Au moment de balayer de l’œil tous les podcasts, le choix de Marie-Hélène Lafon coule de source. Je n’ai pourtant lu que Joseph, et je ne suis même plus sûre de l’avoir véritablement aimé. Mais mes tripes me rattrapent.
Au début, je doute : l’esthétique des paysages décrits comme un écrin, la diction parfaite, l’absence d’hésitation et de dérision, ce n’est pas mon monde. Je ne trouve pas encore le grain, l’aspérité, « cette ombre qui rend les gens fréquentables », comme dirait Jean-Jacques. Mais au travers de la voix professorale (à juste titres), je commence à sentir que ce langage parfait, délicieusement riche et soutenu, l’est grâce à l’agencement patient d’un plateau de cailloux, et comme tous les David, j’aime bien les cailloux.
D’autant plus qu’il est vite question de vaches et d’établi, alors forcément, très vite, je bois du petit lait. Car de son carnet à son tabouret, Marie-Hélène Lafon est brillante pour éclairer la façon de passer des lignes haute tension jusque dans des fils barbelés.