Les narines de nos chérubins ont ceci de formidable qu’elles ne contiennent qu’une quantité très limitées de mucosités afférentes aux microbes qui ne manquent pas de s’y répandre régulièrement, d’où leur inattaquable qualité de morveux.
Vu la taille desdits chérubins, quand les narines sont pleines, oreilles et bronches sont dans un proche voisinage qui leur est tout à fait préjudiciable, et il est conseillé de leur laver le nez suffisamment pour dégager les intrus avant que fiston ou fistonne ne se mette à siffler comme une bouilloire. Et mêmes les nez des grands gagnent à être correctement vidangés.
C’est préventif, curatif, palliatif, affirmatif, pas du tout nocif, bref, avec des if on mettrait la mer en dosettes.
Parce que comment cela se passe-t-il ? Le moins cher et le plus courant, c’est d’acheter des boites, généralement roses et bleues, avec 40 dosettes en plastiques dedans, qui, à raison de 2€ la boite, vous reviennent à 10€ le litre d’un liquide abusivement appelé sérum physiologique, mais je ne m’attarderai pas sur la sémantique.
Ce liquide, vous pouvez tranquillou vous en imprégner l’organisme sans que ça pique, puisque ses propriétés sont proches du sang ou des larmes, en la faisant courte. Et la dosette se glisse très bien dans tous les sacs, les boites sont en cartons, mais quand même, dans une poubelle, ça donne ça : (là je vais vous demander de faire un petite effort d’imagination pour vous représenter une poubelle noire toute garnie de petites dosettes transparentes, dont je vous certifie l’existence, mais comme j’ai ô combien procrastiné ce billet, j’ai été récemment parfaitement infoutue de remettre le clic dessus.)
Autre option, les pschitt d’eau de mer dans des emballages en plastique ou métal, qui font vite grimper le prix de l’eau de mer à 40€ le litre (!), de quoi se demander ce qu’on fiche de notre thune pour que ce genre de machin inonde monstrueusement les étagères de toutes nos pharmacies, pendant que d’aucuns se gargarisent du fait qu’on n’aurait pas les moyens d’accepter quelques réfugiés pour qui l’addition est souvent un peu trop salée, côté eau de mer, et coucou Cédric Herrou dont je recommande chaleureusement la lecture.
Après avoir vu notre empreinte dosettes, on s’est renseigné, et sur les conseils d’un ami dont on partage les tracas orl, on est passé au rhinohorn/neti. Encore du plastique, mais au moins on peut s’en resservir. Sauf que ça, c’est bien à partir de 2-3 ans, pour bébé on peut être créatifs (réutiliser les dosettes ou un récipient de pschitt, se trouver une poire même si c’est pas toujours super lavable, etc.)
Et pour ce qui est du serum de la solution physiologique, il n’y pas 36 recettes :
= 9g de sel pour 1 litre d’eau.
Basta.
= 4,5g de sel pour 1/2 litres, une mesurette pour un rhinohorn, bref…
= 9g de sel pour 1 litre d’eau.
Vous avez du sel ? Vous avez de l’eau ?
Bon ben voilà, vous avez du lavage à naseaux.
Peut-être va-t-on penser, baaaaaah, mais c’est même pas stériiiiiile, bouhhh !
Figurez-vous qu’à l’heure où on trouve encore un peu partout des gels ou des nettoyants antibactériens qui nous rendent certaines bactéries résistantes à tout, bien que naturellement sceptique devant l’aseptisation récurrente du monde, une chape d’hygiénisme et la pression sociale intériorisé du « oh mais quand même faut faire gaffe » m’a fait poser la question à ma généraliste, qui m’a répondu un « ben non vous inquiétez pas, le lavage de nez, ça n’a pas besoin d’être stérile. »
Et en effet, qui dans le coin stérilise matin midi et soir sa brosse à dent avant de se la coller entre les gencives ?
Y en a des qui se sont déjà amusé à stériliser leurs préservatifs ou feu leurs coton-tiges ?
Bref, toi qui passes par là, toi qui en as plein le pif, toi qui ne peux plus rien sentir, lave-toi le nez, pareil ça te change la vie, parce que souviens-toi, comme dirait Mickey, il faut que tu respires…