Depuis une semaine, je tergiverse douloureusement à l’idée où pas de me rendre sur le tracé de l’A69, me joindre aux respectables personnes mobilisées contre un abattage de platanes en vue du chantier d’une autoroute à 16€ de péage l’aller-retour, parallèle à une nationale vide, les deux promises à un déclin pétrolier dont visiblement tout le monde se fout.
Je n’y arrive pas, à y aller. Ce soir, mon fils de 8 ans m’a dit « Vas-y maman, va à Vendine*, va sauver la nature ! » Je me suis dit en mon faible intérieur qu’il était bien choupinou, qu’il avait bien raison. Que c’était d’ailleurs plutôt lui que j’avais envie de sauver, en vrai.
Je n’arrive pas à rejoindre la résistance. On doit être un certain paquet, complètement atterrés, à avoir du mal à se soulever.
Comment ne pas se sentir abattue comme un platane, multi-centenaire, les yeux cernés de toutes parts par mille folies furieuses ? Quand on voit celle qui a fait perdre la dernière décence qu’il pouvait rester à France Info, qui a jugé pertinent de divulguer illégalement des infos du renseignement sur un gars en état de mort cérébrale à cause d’un tir d’arme de guerre sur notre territoire, comme l’avait plus ou moins prévu le ministre de l’intérieur 3 jours avant.
Pour autant, jamais je ne me permettrai de traiter Gérald Darmanin d’assassin : si je dois sortir 12000 €, autant que ce soit dans des projets Dorémi, pendant que l’argent public ruisselle dans des camions bleus pour permettre ce jour, *plutôt à Saix qu’à Vendine d’ailleurs, à des délinquants d’abattre en toute illégalité des arbres en pleine période de nidification, pour un coûteux projet autoroutier déjà périmé devant des foules légitimement dépitées.
Je n’y arrive pas. La flemme, la peur, les gaufres, l’histoire du soir.
Demain, peut-être, les préfectures.